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docs et autres

20 février 2014

sciences et curiosité à l'école.

Une enseignante passionnée. http://m.youtube.com/watch?v=xXKNto_TOXM&desktop_uri=%2Fwatch%3Fv%3DxXKNto_TOXM
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13 février 2014

Pourquoi tant de haine ?

Pourquoi tant de haine ?

 

On a un problème avec les garçons, un sérieux problème !

 

Déjà il faudrait commencer par dire : ceci est un garçon et ceci est une fille. Une fois affirmé que tous les garçons ne sont pas enfermés dans l'idée que l'on se fait d'un garçon et qu'on a le droit de penser la même chose des filles, on peut continuer en disant que la majorité des garçons ont le même comportement et la majorité des filles le leur.

 

Qui n'a jamais dans une école, entendu une enseignante déplorer que cette année elle avait beaucoup plus de garçons et que ça serait bien plus fatiguant ?

Personne ? Bon, très bien, continuons.

Pourquoi pas un enseignant ? Déjà parce que les femmes sont largement majoritaires dans le métier mais surtout qu'un homme verra le problème d'une autre façon, plus proche sans doute. D'ailleurs l'année passée il a accepté de prendre un ou deux cas un peu trop turbulents.

Toujours pas ? Bon, continuons.

Que des enseignantes préfèrent des classes de garçons même remuants ça existe aussi, bien entendu..

Continuons.

 

En 2014, pour démontrer le déterminisme social éducatif anti égalitaire entre filles et garçons, on utilise l'exemple de la cour de récréation où les garçons occupent le centre et la plus grande partie, reléguant ainsi les filles à la périphérie simplement parce qu'on leur a mis dans la tête à la naissance qu'ils étaient dominants.

Et qu'en plus tout le monde laisse faire.

Pourquoi tant de haine ?

Pourquoi se persuader qu'interdire ces jeux et l'espace rétablirait la parité ?

Dans la réalité ils ne sont jamais interdits mais réglementés pour la bonne raison que ça ne pourrait pas durer longtemps sans que les garçons deviennent totalement insupportables et les filles qui jouent au ballon avec eux tout autant.

Personne n'a jamais envisagé non plus de positionner les garçons sur le côté et enjoindre aux filles de courir dans tous les sens au milieu ? Un jour sur deux par exemple ?

Non bien sûr et ça relève autant de l'expérience que du bon sens.

 

On peut interdire aux garçons de bouger et ça s'appellerait la tolérence zéro. Interdire aussi les billes sous prétexte qu'on peut les avaler mais surtout qu'elles provoquent des disputes et même – horreur – des bagarres !

Donc les filles ça ne bouge pas et ça ne joue pas au ballon ? Si bien sûr mais le sujet concerne les garçons et leurs difficultés scolaires. Il serait tout aussi préjudiciable d'interdire les jeux de mouvement aux filles ou la mixité.

 

Les jeux vidéos ? On y viendra plus tard.

 

La tolérance zéro est une invention des USA pour lutter contre la violence. Dans bien des écoles, il fallait effectivement faire quelque chose alors ils ont essayé ça qui s'est traduit jusque dans les familles par une chasse féroce à tous les objets, gestes, comportements suspects. Plus trace dans les caisses de jouets du moindre pistolet en plastique. Interdiction formelle de régler ses comptes à mains nues comme dans la plupart des films.

Il ne s'agit pas évidemment de prôner la bagarre comme solution à tous les conflits ni d'autoriser les armes et encore moins les apprentis tyrans.

Mais bon, de là à exclure un élève qui a un canif dans sa poche et lui asséner des heures de morale à tous les étages de la hiérarchie, il y a évidemment une marge.

Dans les écoles françaises, ces interdictions des jeux guerriers et objets coupants en tous genres relevaient plutôt d'une éducation anti-guerre après celles subies au XXième siècle.

La Guerre des Boutons ? Non, c'était avant 14/18...

 

Aux USA, la tolérance zéro a-t-elle vraiment fonctionné ? Difficile à dire mais ce que l'on sait mieux, c'est ce qu'elle a provoqué sur le comportement des garçons dans le système scolaire.

Même la violence symbolique dans les écrits était bannie, pas question de raconter une catastrophe ou un accident. Pas plus de parler de jeux vidéos.

Il se trouve que se sont majoritairement les garçons qui jouent à World of Warcraft. C'est juste un fait, même si l'on sait que cela n'est pas sans conséquences sauf que si un élève a envie de raconter comment on change de niveau ou donner son avis sur un personnage, il a des chances de voir ses parents convoqués pour discuter de séances de psy. Pour une fille ce n'est pas pareil.

 

Les politiques de tolérance zéro qui ont dégénéré aux USA n'ont pas été sans conséquences graves sur le comportement scolaire des garçons quand ils ne sont plus en phase avec l'institution.

 

Une autre raison, le métier d'enseignant est de plus en plus féminisé. Un élève de 15 ans a de fortes chances de n'avoir jamais croisé un enseignant au masculin.

Où est le problème ? Les femmes sont de super profs ! Absolument vrai et les modèles masculins existent ailleurs qu'à l'école sauf que les garçons finissent par s'imaginer que l'école est un endroit pour les filles et pas pour eux.

 

En France c'est moins marqué et les garçons ont toujours le droit de tomber amoureux de la maîtresse si toutefois leur mère n'est pas trop jalouse. Vieille Europe romantique …

Quand même, dans une salle des profs ou une cour de récréation française, selon le degré de mixité du corps enseignant, à la question « qu'est-ce qu'on va faire de ces garçons qui se bagarrent ? » la réponse sera très variable.

 

Un garçon qui ne se sent pas très à sa place à l'école se dit que finalement il serait bien mieux devant un jeu vidéo ou en train de faire du sport à l'extérieur y compris dans la rue avec les autres.

 

Une autre raison d'échouer pour un garçon c'est la lourdeur des programmes et leur concentration qui les tient cloués à leur chaise des heures durant.

« asseyez vous, en silence, faites ce qu'on vous dit, respectez les règles, organisez votre travail, concentrez vous, écoutez la maîtresse … »

Pour ce type d'injonctions, les filles sont plus à l'aise – sauf celles qui ne le sont pas bien entendu et c'est ce que j'ai dit au début. Les garçons en déduisent qu'ils doivent ressembler aux filles ou être soupçonnés d'hyperactivité ou de troubles dûs au déficit d'attention qui, comme chacun sait relèvent de la médecine et de la psychanalyse.

 

Il faudrait mettre en place des programmes spécifiques pour les garçons afin de leur éviter le décrochage scolaire. Exactement comme on le fait pour les filles et qui donnent d'excellents résultats en sciences, ingénerie et mathématiques.

Aux USA, 60% des diplômes sont attribués à des filles (niveau licence). 70% de filles dans certaines universités si bien qu'elles ne veulent plus y aller parce que pas assez mixtes ! Il a fallu créer des pôles masculins pour de nouveau attirer les garçons.

 

« Oui mais les garçons ne pensent qu'à jouer aux jeux vidéos et ils parient sur le net toute la nuit ... » En jouant à World of Warcraft  et c'est ça qui affecte leurs performances.

Devinez quoi ? Les jeux vidéos ne sont pas la cause, ils sont le symptôme. Symptôme de l'inactivité des garçons longtemps avant d'arriver là. Pour rappel :

Tolérance zéro sur tous les mouvements et la hardiesse qu'il ne faut pas confondre avec le courage qui lui n'est pas spécifique aux garçons.

L'absence presque totale de modèle masculin dans les écoles qui les a poussé à croire que c'est réservé aux filles.

La lourdeur des programmes et l'ennui de rester assis.

 

Que faire ?

 

Changer d'approche en ce qui concerne l'acceptation des garçons dans les écoles primaires.

Trouver de meilleurs jeux éducatifs ou de loisirs, autres que les cartes mémoire qui ne valorisent que la mémoire.

Inventer d'autres jeux d'action ou de construction que ceux du commerce. Difficile sachant que pour rivaliser avec la richesse narrative et graphique de ceux qui existent, il faudrait un budget considérable.

Plus d'hommes dans les écoles ce qui revient à valoriser le métier, le rendre plus attractif.

Repenser l'aménagement des cours d'écoles. En France la maternelle est un bon exemple.

A ce propos, les aires de jeux dans les villes sont bien conçues et sécurisées – sur des modèles nordiques la plupart du temps – mais sont-elles vraiment utilisées ? A la sortie de l'école ou même avant ou à l'heure du repas par exemple. Ce qu'on y entend le plus souvent c'est « Fais attention tu vas te faire mal » plutôt que « C'est bien, bravo, t'es très fort. »

 

Et les jeux vidéos dans tout ça ?

Les enseignants en parlent de façon très négative. « Ils ne pensent qu'à ça. » « En plus c'est violent. » « pas de ça à l'école. »

Ils se sentent encore une fois les gardiens du temple. Sauf qu'en limitant les activités bruyantes et animées plutôt favorables aux garçons, ceux-ci se persuadent que l'école c'est pour les filles, qu'elles sont faites pour ça et pas eux et qu'ils feraient mieux de retourner à leur jeux vidéos ou dans la rue pour jouer les caïds.

 

En changeant l'approche des garçons à l'école, on augmente leurs chances qu'ils se sentent bien et qu'ils en sortent en se disant « Je suis intelligent ». On augmenterait aussi considérablement l'égalité entre les sexes et pas seulement pour les niveaux scolaires.

13 février 2014

Comment échapper à la Vallée de la Mort ?

Comment échapper à la Vallée de la Mort ?

 

 

L'enfant au cœur du système éducatif, douce ironie ?

Combien d'enfants en sont-ils exclus et comment ?

 

Exclus des études supérieures et des études tout court. D'un point de vue budgétaire ça pourrait passer pour une économie … D'un point de vue social une lourde perte.

Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, l'autre concerne tous les élèves qui sont scolarisés mais pas du tout concernés ou impliqués dans les études, qui n'en tirent aucun bénéfice.

Ce n'est pas une question de moyens !

Pas faute non plus de multiples initiatives !

Le problème c'est qu'on ne va pas dans la bonne direction. On néglige trois principes malheureusement contrariés par la culture scolaire.

 

L'humanité est naturellement différente et diverse.

Ceux qui ont deux enfants ou plus savent qu'ils sont tous différents. On ne risque pas de les confondre, pas besoin de signe extérieur distinctif pour les reconnaître.

L'enseignement, lui, n'est pas basé sur la diversité mais bien plus sur la conformité. L'école est encouragée à sélectionner des élèves dans un couloir assez étroit de possibilités et une base de performances réduite.

Indispensable sans doute, il n'est pas question de supprimer les maths et les sciences, mais ce n'est pas suffisant. Il faudrait plutôt donner la même importance aux arts, aux sciences humaines, à l'EPS.

Si on constate un nombre croissant de troubles liés au déficit de l'attention, ça existe bien sûr mais ce n'est pas une épidémie !

En asseyant des enfants pendant des heures et des jours devant une tâche sans grand intérêt pour eux, il est certain que leur attention va se relâcher et qu'ils vont s'agiter. Les élèves ne souffrent pas majoritairement de troubles psychologiques.

Ils souffriraient éventuellement de leur statut d'enfant et s'épanouiraient mieux si on tenait compte de leurs multiples talents et pas seulement du nombre restreint qui entre dans les statistiques et les classements internationaux.

Les arts à l'école ne sont pas une récréation après les mathématiques, c'est d'abord une sollicitation de certains aspects de la personnalité qui sans eux resteraient inexplorés.

 

Le second principe d'un être humain c'est la curiosité.

Si on arrive à déclencher dans le regard d'un enfant cette étincelle de curiosité, il n'aura pas besoin de plus pour bien apprendre.

La curiosité est le moteur de la réussite, les enfants sont des êtres qui apprennent spontanément et cette qualité il faut la favoriser.

On a dé-professionnalisé les enseignants, on leur a enlevé à eux aussi cette curiosité et ce capital d'initiatives qui fait avant tout de leur métier un métier créatif. Un enseignant dans une société ce n'est pas une entreprise de livraison, tout juste bon à transmettre une information. Les meilleurs d'entre eux le font bien sûr mais que font-ils en plus ?

Conseiller, provoquer, stimuler, inspirer …

Enseigner c'est faciliter l'apprentissage, c'est tout.

Quand on s'engage dans une activité il faut pouvoir vraiment l'accomplir. On ne doit pas aller salle 34 seulement pour enseigner mais pour faire apprendre. Encore faut-il le pouvoir alors qu' aujourd'hui on oublie les apprentissages pour aller directement au contrôle des savoirs.

Les tests ont leur importance mais ça ne doit pas devenir le centre de l'enseignement. Juste un moment d'évaluation pour permettre de prendre une décision.

Il faut encourager les apprentissages, déclencher le pouvoir de l'imagination et de la curiosité, pas lui faire barrage par des méthodes routinières qu'on nous présente comme utilitaires et pragmatiques.

 

Troisième principe, la créativité.

Tout le monde est créatif. De mauvais esprits affirment que c'est vrai seulement jusqu'à 4 ou 5 ans parce qu'après l'école est passée par là. Mais non, tout le monde est créatif, c'est pour ça que chacun est différent. C'est l'essence même de la vie.

D'autres espèces dans le règne animal peuvent faire preuve d'imagination et de créativité mais pas à ce point.

Si votre chien est dépressif, vous ne le trouverez pas assis devant la fenêtre une bouteille à la main. Si vous lui dites « viens te promener » il ne vous répondra pas « non, c'est bon, vas-y et prends des photos »

On crée notre propre vie à partir d'un éventail illimité d'alternatives et de possibilités. L'école doit développer, favoriser cet éventail de créativité.

A la place nous avons la standardisation.

 

On pourrait faire autrement.

La Finlande obtient les meilleurs résultats en maths, sciences et lecture. On le sait parce que c'est ce qui est évalué dans les classements internationaux et d'ailleurs c'est le gros problème de ces classements.

En fait, ils ne sont pas obsédés par ces trois matières et ils incluent largement les arts, l'EPS et les sciences humaines. Ils ne hiérachisent pas les disciplines et ne doivent pas répondre à des tests standards. Il y en a je suppose mais ce n'est pas leur préocupation principale chaque matin au réveil.

Eux n'ont pas d'absentéisme scolaire, y compris dans la classe. Quand un élève est en difficulté, on s'occupe de lui rapidement, on l'aide, on le soutient.

 

Mais alors chez nous c'est pareil !

Non !

 

Ils individualisent les apprentissages au maximum. Ils prennent en compte que ce sont les élèves qui apprennent et que l'école est là pour encourager leur curiosité, leur individualité, leur créativité. C'est comme ça qu'on pousse les élèves à apprendre.

Le métier d'enseignant est très valorisé. Ils savent que c'est un métier qui ne s'improvise pas, qu'il faut des personnes motivées, qu'il faut les soutenir par une formation permanente qui n'est pas seulement un coût mais un investissement.

Certains pays qui réussissent l'ont compris : Australie, Canada, Corée du Sud, Singapour, Hong Kong … Ils délèguent la responsabilité des apprentissages aux écoles. Une autonomie qui aussi coûte très cher en frais de scolarité.

Il y a une grande différence entre un état qui décide ce qui est le mieux pour tout le monde et des lieux d'apprentissage où chaque étudiant et chaque professeur est investi d'autonomie. L'éducation ne se passe pas dans les bureaux d'un ministère, ça se passe dans les salles de classes. Il faut re-professionnaliser les enseignants, leur rendre leur pouvoir discrétionnaire.

C'est toute la différence entre commander, contrôler et réguler.

La normalisation n'est pas un gage d'égalité !

Les brillantes expériences qui ont lieu ça et là se déroulent souvent en dépit, voire en opposition avec la culture dominante, pas grâce à elle.

La plupart des politiques éducatives sont basées sur une conception mécanique de l'apprentissage, comme un processus industriel, un moteur qu'on voudrait régler dans les moindres détails pour l'entendre finalement ronronner.

Ca n'arrive jamais !

Apprendre c'est avant tout un processus humain, individuel.

Que l'école soit ennuyeuse, en décalage complet avec la vie réelle ou même insignifiante, les motifs de décrochage sont avant tout liés à une histoire personnelle.

Il faudrait arrêter de penser en terme de système unique et reconnaître qu'il y a des conditions dans lesquelles les gens s'épanouissent et d'autres non .

 

La Vallée de la Mort est un endroit désertique et puis une année il s'est mis à pleuvoir énormément et le sol s'est couvert de fleurs et de végétation.

La vie est présente partout et ne demande qu'à se manifester. Lorsque les conditions sont réunies, elle est inévitable.

11 février 2014

Un article de Boris Cyrulnic dans Le Point.

Les gènes ne déterminent-ils rien ?

Le gène existe, toutefois il n'est pas une fatalité. Les gènes impliquent la couleur de nos yeux, notre taille ou certaines maladies, mais il faut tout autant tenir compte du climat de l'école, de l'ambiance en famille. Distinguer l'inné et l'acquis est une absurdité. C'est une erreur qui a longtemps interdit à la science de penser.

Rien n'est jamais joué, donc tout se construit ?

À peine le gène s'exprime-t-il que cette expression est pétrie, sculptée par les pressions du milieu. C'est ce qu'on nomme l'épigenèse, et celle-ci commence dès avant la naissance. Freud l'avait compris. Il parlait d'une forêt dans laquelle on marche la première fois. Nos pas s'y fraient un chemin. Désormais, l'information dans notre cerveau empruntera plus volontiers ce chemin qu'un autre. Prenons l'exemple d'un enfant génétiquement sain, porté par une mère stressée par la guerre. Cet enfant sain sera in utero façonné par le malheur de la mère. À la naissance, il sera 50 % plus petit, plus léger qu'un enfant moyen et il souffrira d'une atrophie fronto-limbique. Il a donc été altéré par l'épigenèse. Attention, le façonnage peut être inverse. Un enfant, faible transporteur de sérotonine, donc hypervulnérable, porté par une mère heureuse, dans un milieu stable, deviendra un adulte équilibré, tout juste plus enclin à l'émotion. Le gène est déterminant de pas grand-chose, tandis que l'épigenèse, elle, est très déterminante, elle sculpte l'expression des gènes et du cerveau.

Si tout va mal autour d'un enfant, peinera-t-il forcément à se construire ?

Non, pas du tout. Un confrère a travaillé sur les enfants d'un village de Belgique durement ébranlé par la fermeture de la mine de charbon. Chômage, pauvreté, choc culturel. Pourtant, les enfants s'y développent harmonieusement. Pourquoi ? Parce que, alors que leurs parents travaillent au loin, ils sont entourés de substituts efficaces. Des enseignants, des moniteurs de foot, des voisines. Il faut tout un village pour élever un enfant. Nos sociétés ont oublié cette sagesse, d'ailleurs faites-en l'expérience, allez gronder le fils de votre voisine ! L'accent est trop porté sur la mère, certes importante, mais qui éduque, entourée d'un père, d'une famille, d'un quartier. On sous-estime grandement l'importance pour l'enfant de ses pairs. S'il vit harmonieusement dans sa classe, s'il y a des camarades, il s'attache et se développe. J'aimerais qu'on vivifie la culture du quartier, la pratique sportive en club, le scoutisme, tout ce qui favorise de multiples attachements.

À quel âge l'épigenèse s'arrête-t-elle ?

Jusqu'à 120 ans, l'épigenèse fonctionne. Même dans les maladies d'Alzheimer, on observe encore quelques bourgeonnements synaptiques, même raréfiés. Chez les enfants, l'épigenèse est puissante. À cet âge, cela synaptise à toute allure dans les lobes préfrontaux.

Alors pourquoi un enfant se suicide-t-il ?

Se suicide-t-il vraiment ? Veut-il vraiment se donner la mort ? Le suicide d'un enfant n'est pas un désir de mort, mais le désir de tuer cette manière de vivre qui le fait souffrir, tuer le conflit de ses parents, son isolement. Le suicide adolescent diffère, car intellectuellement il sait ce qu'est la mort. Ce n'est qu'entre 7 et 9 ans que l'enfant intériorise la conception de l'irrémédiabilité de la mort. Aujourd'hui, d'ailleurs, j'observe que les enfants ont accès de plus en plus tôt à cette notion. Une maturité intellectuelle précoce qui pose problème, car elle s'acquiert au prix de l'angoisse. Cessons de les forcer, de les surstimuler, surtout les filles.

Pourtant, les garçons se suicident plus ?

Les filles font dix fois plus de tentatives, mais les garçons aboutissent plus.

Garçon ou fille, observez-vous des différences ?

L'ontogenèse sexuelle commence au stade embryonnaire. La testostérone des embryons est un puissant déterminant biologique qui crée les organes des filles ou ceux des garçons. Puis la culture, qui commence dès la naissance, entoure différemment un bébé fille et un bébé garçon.

Les partisans de la théorie du genre considèrent qu'on éduque distinctement les filles des garçons pour perpétuer la domination masculine. Les croyez-vous ?

Je ne crois pas du tout à la suprématie des garçons, bien au contraire. Vers 17 mois, les filles disposent de cinquante mots, de règles de grammaire et d'un début de double réarticulation, par exemple être capable de dire "réembarquons", au lieu de "on va encore une fois dans cette barque". Avec quatre phonèmes, les filles expriment un discours. Les garçons obtiennent cette performance six mois plus tard ! 75 % des garçons commettent de petites transgressions (chiper un biscuit, pincer un bras, etc.), contre 25 % des filles. Alors ces filles, plus dociles, parlant aisément, sont bien mieux entourées. Il est plus aisé d'élever une fille qu'un garçon. D'ailleurs, en consultation de pédopsychiatrie, il n'y a que des petits garçons, dont le développement est bien plus difficile. Certains scientifiques expliquent ce décalage par la biologie. La combinaison de chromosomes XX serait plus stable, parce qu'une altération sur un X pourra être compensée par l'autre X. La combinaison XY serait, elle, en difficulté évolutive. Ajoutons à cela le rôle majeur de la testostérone, l'hormone de la hardiesse et du mouvement, et non de l'agressivité, comme on le croit souvent. À l'école, les garçons ont envie de grimper aux murs, ils bougent, ils souffrent d'être immobilisés. Or notre société ne valorise plus la force et le courage physique, mais l'excellence des résultats scolaires. Elle valorise la docilité des filles.

Pourquoi n'avoir rien dit dans cette querelle autour de la théorie du genre ?

Je pense que le "genre" est une idéologie. Cette haine de la différence est celle des pervers, qui ne la supportent pas. Freud disait que le pervers est celui qu'indisposait l'absence de pénis chez sa mère. On y est.

Pourtant, ces théories font observer que les filles, meilleures à l'école, sont beaucoup moins nombreuses dans les études prestigieuses ?

C'est vrai, mais il n'est pas dit que cela dure. Aux États-Unis et au Canada, les filles ont envahi les grandes écoles. Et on est obligé d'aider les garçons à y parvenir. Notre système scolaire gagnerait à arrêter la culture du sprint. Prenons modèle sur l'Europe du Nord, qui a supprimé les notations jusqu'à l'âge de 12 ans, réduit drastiquement le nombre d'heures de cours, qui caracole en tête des classements, et dont le taux de suicide chez les enfants et les adolescents a diminué de 40 %.

Supprimer les notes ?

Un enfant qui grandit avec papa et maman qui s'aiment, sa petite chambre à lui, des devoirs surveillés, aura forcément de bonnes notes. Les notes ne sont pas un reflet de l'intelligence, mais le miroir de la stabilité affective.

 

11 février 2014

L'égalité des chances à l'école ? Des stéréotypes

L'égalité des chances à l'école ?

 

Des stéréotypes à déconstruire ?

 

On lit encore avec attention les appréciations des professeurs, bien avant les notes d'ailleurs. A partir du collège surtout parce que dans les classes maternelles et élémentaires on n'écrit plus grand chose et il faut se déplacer pour avoir des explications. Ce qui revient à donner – somme toute – des appréciations.

 

Lesquelles ?

 

J 'en vois cinq principalement. J'ai mis au masculin pour ne pas froisser, espérant ne pas obtenir l'effet inverse non plus.

 

Peut mieux faire.

Elève passionné pour un sujet et nettement moins pour les autres y compris dans la même matière. Son approche émotionnelle du travail lui permettra plus tard de développer des compétences dans son domaine, compétences qui lui permettront d'obtenir le Prix Nobel par exemple.

Ne souhaitera absolument pas ressembler au Ier de la classe froid et sans sentiments aussi bien dans la vie que dans les étages supérieurs de la boîte.

Au collège il aurait souhaité que les coefficients des matières soient proportionnels à ses passions. On en rigole encore.

 

Elève trop souvent hors sujet.

Curieux. Utilise sa curiosité pour approfondir ses connaissances. Dans la vie, c'est cette inquiétude de ne pas en savoir assez qui sera le moteur de sa réussite.

Souvent autodidacte il en sait parfois plus que ses professeurs et, innocemment, cherche à leur faire partager sa science dans les devoirs comme à l'oral. Un rebelle à mâter.

Dans la vie il ne souhaitera absolument pas ressembler au Ier de la classe des étages supérieurs à qui on a offert la meilleure place et qui est persuadé, lui, qu'il a fini ses études.

 

Elève bavard.

Sociable. Individu qui a besoin de parole, ne supporte pas le vide du silence qu'il considère comme un risque.

Aime partager, ne s'isole pas. Dans la vie il sera capable de synergie dans un groupe. Concurrentiel sans développer des attitudes guerrières. Intégration facile.

En plus d'élève bavard on peut ajouter éventuellement tricheur. Toujours prêt à aider un ami en difficulté quand il a fini un devoir. Un ami c'est un ami et il tient à sa réputation au risque d'un zéro.

Il aura toujours besoin d'une ambiance et souhaite avant tout le bonheur. Surtout ne pas ressembler au Ier de la classe qui s'emmerde tout seul dans la vie et dans les étages supérieurs. Tout le monde sait depuis la maternelle que le Ier de la classe n'a pas d'amis …

 

Elève non impliqué.

A l'école on aime bien les « non qquechose » c'est plus simple que les plus. Une façon comme une autre de ne pas se sentir dépassé. C'est comme mettre 19 ¾ au lieu de 20.

Un individu qui a des objectifs et sait être efficace pour les atteindre. Il gardera cette visibilité du travail à accomplir pour sa réussite. Déjà à l'école il faisait des choix. Lucidité intolérable quand on demande aux élèves – les bons – les meilleures notes partout.

Ne souhaite absolument pas ressembler aux étages supérieurs avec leurs ulcères, leurs lourdes ordonnances et dérivés comme la drogue ou l'alcool, toujours accrochés qu'ils sont au culte du 100% comme ils l'étaient à celui de la meilleure note.

 

Elève dispersé.

Créatif comme 92% des individus avant 5 ans. Après on passe à 7 ou 8%. L'école est passée par là.

Dans la vie il sait créer et innover, poser des questions et aborder des sujets nouveaux.

A l'école il refusait de dire ce qu'il faut dire et réfléchir d'une seule manière, celle qu'on lui imposait. Elève difficile, voire fatiguant.

Ne souhaite toujours pas ressembler au Ier de la classe adepte des opinions de la TV et de celles de l'entreprise qui le paie bien, sans doute aussi pour ça. Fatiguant lui, à force de banalité.

 

Certaines et certains qui ont reçu un jour ou l'autre ces appréciations scolaires sont devenus chefs d'entreprises, la leur la plupart du temps. Ils emploient le Ier de la classe, le paye bien pour se charger des gestions indispensables et pas très motivantes.

Pendant ce temps là ils peuvent discuter de choses sérieuses et bien plus amusantes à la cafétéria où ils sont sûrs de ne pas les rencontrer.

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